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Pourquoi le male gaze est-il toxique dans nos représentations ?

En ce 8 mars, à l’occasion de la 𝗷𝗼𝘂𝗿𝗻𝗲́𝗲 𝗶𝗻𝘁𝗲𝗿𝗻𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻𝗮𝗹𝗲 𝗱𝗲𝘀 𝗱𝗿𝗼𝗶𝘁𝘀 𝗱𝗲𝘀 𝗳𝗲𝗺𝗺𝗲𝘀, je vous propose de revenir sur un concept très important dans les représentations de genres, le 𝘮𝘢𝘭𝘦 𝘨𝘢𝘻𝘦.

Il est très important pour les artistes de le connaître. Je pense que cette prise de conscience peut influer sur notre façon de représenter les femmes dans nos œuvres, quel qu’en soit le support.

Et en bonus, un rappel nécessaire, sous forme d’un coup de gueule, sur ce qu’est réellement le 8 mars. ✊ ♀️

Qu’est-ce que le « male gaze » ?

Le concept du « male gaze », traduit par « regard masculin », a été théorisé en 1975 par Laura Mulvey, une réalisatrice britannique et militante féministe.

Le male gaze désigne la manière dont le regard masculin s’approprie le corps féminin. C’est un regard patriarcal.

Par exemple, la caméra s’attarde sur une partie du corps d’une actrice pour la rendre désirable. Elle devient alors un objet sexuel, disponible pour les yeux du spectateur masculin.

Un biais inutile et racoleur

Autre caractéristique du male gaze : il est souvent gratuit. Il n’apporte rien à l’histoire.

L’exemple le plus cité est celui du Retour du Jedi, sixième épisode de la saga Star Wars. La princesse Leïa y apparait presque nue, comme si une limace de l’espace avait besoin d’une femme soumise…

Une œuvre de qualité n’a pas besoin de la présence d’une femme nue pour plaire à son publique. Star Wars aurait tout autant marché sans ça !

Dans les œuvres de fiction où ce biais est présent, les actes des personnages féminins ont peu d’intérêt et servent surtout de support aux actes des personnages masculins. Apprécier une telle œuvre pour un public féminin revient ainsi à s’identifier au protagoniste masculin.

Le male gaze est partout

Le problème majeur du male gaze, c’est qu’il est partout, et pervertit nos représentations visuelles et culturelles depuis toujours.

Peinture, sculpture, cinéma, littérature, publicités, musique…

Impossible d’y échapper !

Ce n’est pourtant pas très flatteur pour une œuvre… On a le sentiment que si l’auteur/le réalisateur se sent obligé de dénuder le personnage féminin, c’est qu’il pense que son œuvre n’a pas assez de valeur pour susciter une émotion chez le public. Car si le travail des artistes est bien de créer des émotions, ils ne sont pas les seuls les à utiliser pour faire passer leurs messages. On pense notamment aux publicités, où là aussi, on utilise ce même biais. On nous vend n’importe quel produit en mettant des femmes nues. (Vous vous souvenez de ce slogan de beauf « vous avez la voiture, vous aurez la femme » ? La femme-objet, trophée légitime du mâle alpha digne de ce nom que vous deviendrez indubitablement si vous achetez notre voiture tellement virile… Ce type d’accroche n’appartient pas au passé, malheureusement…)

Les conséquences du male gaze

Vous l’aurez deviné, elles sont désastreuses.

Quand ce biais est présent, le regard des femmes sur elles-mêmes et leurs semblables est alors lui aussi biaisé. Cela mène à une perte de solidarité entre femmes. Il conduit tous les individus à voir le monde à travers un regard masculin perverti. Puis ce regard passe pour être la norme.

Il réduit les femmes à un simple objet de désir.

Le male gaze, puisqu’il ne veut montrer que des femmes jugées désirables, montre un certain type de femmes : blanches, valides, cisgenres, hétérosexuelles, minces, et, bien sûr, jeunes ! Il mène donc au racisme, au validisme, à la transphobie, à l’homophobie, à l’acephobie, à la grossophobie, et à l’âgisme ! (ce qui explique pourquoi les actrices de plus de 50 ans ont du mal à trouver des rôles…)

La répétition de ces représentations grave dans l’imaginaire collectif une image dévalorisante de la femme, puisque hypersexualisée. Cela nuit aux rapports femmes-hommes, et induit chez les femmes une perte d’estime de soi.

Comment lutter contre le male gaze ?

En le dénonçant, afin que toutes et tous y soient sensibilisé.es.

En proposant des représentations différentes : femmes fortes et intelligentes, hommes bienveillants, et respect mutuel entre tous les humains.

A lire aussi, l'excellent article de Julien Hirt : Les femmes dans la fiction

Rappel important

Aujourd’hui, c’est la journée internationale des droits des femmes. Ce n’est pas « la journée de la femme », ni « la fête des femmes », etc.

C’est l’occasion de parler des luttes pour l’égalité entre tous les genres. Cette journée sert aussi à rappeler la réalité de la violence faite aux femmes. Cela comprend aussi les femmes transgenres, trop souvent effacées des luttes féministes. Pourtant, elles aussi sont victimes des violences patriarcales !

C’est aussi l’occasion de réfléchir aux solutions pour lutter contre le patriarcat. Il nuit à tout le monde, car il n’a jamais rendu les hommes heureux non plus, bien au contraire !

Alors, merci de nous éviter les récupérations commerciales, ou autres stupidités du genre « c’est la fête des femmes, bonne fête » !

Sources : Celles qui osent, Wikipédia.

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