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Représentations de l’asexualité : comment lutter contre la culture du viol

En ce 6 avril, à l’occasion de la journée internationale de la visibilité asexuelle, je souhaite évoquer avec vous quelque chose qui me tient à cœur : la représentation de l’asexualité, cette orientation sexuelle mal connue, dans la fiction.

A l’heure où l’on voit paraitre des romans clairement acephobes montrer des personnages asexuels fétichisés, véritables trophées pour des personnages malsains et toxiques, il est important de souligner l’importance de proposer des représentations de l’asexualité correctes, c’est-à-dire réellement représentatives, des membres de cette communauté.

Définition : qu’est-ce que l’asexualité ?

Une personne asexuelle est quelqu’un qui ne ressent pas ou peu de désir sexuel pour autrui. L’asexualité est une orientation sexuelle, aussi valable que les autres. Elle est le « A » du sigle LGBTQIAP+.

Selon les études, cela concernerait entre 1 et 4% de la population.

Une culture à bannir

La culture du viol prône la prédation, en prétextant que « de toute façon, tout le monde en a envie ».

L’existence des asexuels prouve que c’est faux.

De nombreuses fictions montrent une glorification de cette culture, qui, sous prétexte d’une prétendue liberté sexuelle, impose le désir sexuel, et les rapports, comme une obligation.

Sous quelles formes retrouve-t-on la culture du viol dans les fictions ?

La banalisation des agressions sexuelles

  • Un personnage subit une agression sexuelle, allant parfois jusqu’au viol, puis il a un rapport sexuel consentit quelques heures après, comme s’il n’avait subit aucun traumatisme. Cela véhicule l’idée qu’au fond, ce ne serait pas si dramatique que ça de subir une agression de ce type. Donc, ce ne serait pas si grave d’agresser sexuellement quelqu’un.
  • Le personnage victime de violence sexuelle est présenté comme une personne niaise, ingénue, qui a donc besoin d’être initiée aux choses de la couche. Et forcément, l’autre personnage est un pervers narcissique, un sadique, etc. Mais il est présenté comme un mentor du sexe. Il y a ici une relation dominant / dominé très problématique, car l’un des personnages a tout pouvoir sur l’autre. Il peut donc lui infliger tout ce qu’il veut, sans que l’autre ne comprenne que la situation n’a rien de normal, et qu’il ne s’agit en aucun cas d’amour.
  • Le personnage qui subit une agression sexuelle finit par apprécier ce qu’on lui fait. On le voit souvent dans les vieux films : l’homme, qui se doit d’être une brute pour être viril, embrasse la femme de force, mais elle apprécie le baiser, et le rend avec délice. Beurk ! Autre exemple récurrent : l’homme plaque la femme contre le mur ou le lit, lui bloque les poignets et l’embrasse avec fougue. Elle se laisse faire, et apprécie, comme si c’était valorisant d’être désirée avec tant de passion. Cela renforce cette croyance de la culture du viol, qui voudrait nous faire croire que quand on force quelqu’un (ou, plus souvent quelqu’une) il / elle finit par aimer ça. C’est évidemment faux. Ce n’est qu’une excuse des pervers, qui justifient leurs agressions ce cette façon.

La romantisation de la violence

  • Le personnage qui subit une agression sexuelle finit par tomber amoureux.se de son agresseur, et finit souvent en couple avec lui / elle. Le syndrome de Stockholm (ou ce qui pourrait y ressembler) est une pathologie, ce n’est pas de l’amour.
  • La banalisation des relations toxiques (même amicales) amènent à normaliser des comportements problématiques, terreau de la violence conjugale. (Personnage dominateur, qui reproche ses propres vices à sa victime, qui ment, manipule, fait douter sa victime de ses propres jugements, la dénigre, critique tous ses faits et gestes…). Les relations toxiques sont présentées comme une romance, comme si être aimée, c’était être dominée, chosifiée. Non, ce n’est pas de l’amour.

En quoi représenter correctement l’asexualité, c’est agir contre le patriarcat ?

L’importance des représentations dans l’inconscient collectif

On pourrait ce dire que ce type de représentation ne fait de mal à personne. Après tout, il ne s’agit que de fiction. Inutile de prendre tout ça au premier degré.

Sauf que…

Les fictions, au même titre que les publicités, laissent une trace dans les esprits. Si vous avez vu le film « Inception », rappelez-vous que le principe même de l’action des personnages est d’implanter une idée dans l’esprit d’une personne, en « hackant » ses rêves, afin de la manipuler. Une fois qu’une idée est implantée dans un esprit, il est quasiment impossible de l’en déloger.

La fiction agit de la même manière. Elle implante une idée dans l’esprit. Et si les mauvaises représentations se répètent, l’effet est dévastateur : on considère alors cela comme étant normal. Le cerveau, s’il différencie bien le réel du fictif, ressent pourtant des émotions, même lorsqu’il s’agit de fiction, ou de rêves, comme si tout était réel. L’idée toxique, même si l’on tente de ne pas y adhérer, est pourtant implantée, car elle a suscité des émotions, et donc, s’est gravée dans la mémoire.

Oui, les représentations ont un impact sur la façon dont nous percevons les personnes représentées.

C’est pourquoi il faut contrebalancer les mauvaises représentations, celles qui véhicules les stéréotypes et la haine, par de bonnes représentations. Une véritable représentativité des personnes concernées.

Comment représenter correctement l’asexualité ?

Si vous êtes auteur / autrice ou scénariste, je vous ai préparé un document pour vous aider à créer des personnages asexuels réellement représentatifs.

Lire aussi : Personnages asexuels, il est urgent de représenter les minorités

Rappels importants

Les rapports intimes ne sont ni une obligation, ni un besoin.

Ce n’est qu’une envie, que les asexuels n’ont pas, ou très peu.

Exiger un rapport sexuel, c’est la culture du viol.

Le sexe est un cadeau, et nul n’a le droit d’exiger un cadeau.

Revendications

La communauté asexuelle revendique la vraie liberté sexuelle, c’est à dire le droit de ne pas faire l’amour.

Tout simplement.

En fait, les personnes asexuelles exigent ce à quoi tout le monde à droit : le respect.

La liberté s’arrête là où commence celle des autres. La liberté sexuelle n’échappe pas à cette règle.

La représentation de l’asexualité : une cause juste

La communauté asexuelle, en revendiquant cette vraie liberté sexuelle, cherche à faire reculer l’oppression patriarcale qui pèse sur les rapports intimes. Ça concerne tout le monde. Pas besoin d’être asexuel pour comprendre que chacun et chacune devrait être libre de faire ce qu’il / elle veut de son corps, sans pression, sans jugement, et sans rien exiger ni imposer à l’autre.

Le 6 avril, journée internationale de la visibilité asexuelle

Cette journée a pour but d’obtenir davantage de médiatisation de l’asexualité. Cela peut se faire par le biais de témoignages de personnes asexuelles dans les médias de masse afin d’aider les personnes asexuelles à réaliser et accepter leur asexualité. Cela permet aussi d’expliquer ce qu’est l’asexualité aux personnes qui n’en ont jamais entendu parler afin d’aider à l’acceptation.

Cette journée sert aussi à renforcer les liens avec le reste de la communauté queer et organiser des ateliers et évènements publics pour parler d’asexualité.

Conclusion

En aidant à la visibilisation de la communauté asexuelle, on fait reculer la culture du viol, l’arme favorite du patriarcat.

C’est ce que j’ai fait, à mon humble niveau, en publiant Les Effacés. Cette duologie dystopique dénonce, entre autres, l’hypersexualisation de la société. On y retrouve trois personnages ouvertement asexuels. Je ne vais pas m’arrêter là, car je compte bien proposer à l’avenir d’autres romans contenant des personnages asexuels, mais aussi aromantiques.

Si vous voulez vous tenir au courant de mes publications, n’hésitez pas à vous inscrire à mon infolettre. C’est gratuit ! :)) Et vous recevrez en cadeau la préquelle des Effacés, Une prison à briser.

Comment aider la communauté asexuelle dans son combat contre la culture du viol ?

En partageant les publications qui informent sur cette orientation sur les réseaux sociaux.

Vous pouvez aussi lutter contre les idées reçues au quotidien, dans vos conversations…

En chroniquant et en aidant à la promotion des œuvres qui abordent ce thème avec justesse (pas comme une case « diversité » à cocher, et on véhicule les pires clichés).

Lire aussi : Lecteurs, c'est vous qui faites nos best-sellers

A ce titre, je vous invite à jeter un œil aux publications de YBYéditions, ainsi qu’aux livres de Sasha Laguillon, et de Rash.

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