Que vous soyez un véritable mordu de littératures de l’imaginaire ou simplement amateur occasionnel de fantastique, vous avez sûrement remarqué que la confusion entre les différents genres est fréquente.
Un peu partout, on constate des amalgames navrants :
- Un article de presse qui parle de science-fiction, et on vous parle de « Bilbo le hobbit », ou du « Trône de fer », qui appartiennent indéniablement à la fantasy.
- Dans un magasine, le descriptif d’un film estampillé « science-fiction », et le commentaire parle d’un « film fantastique », comme si les termes étaient synonymes.
- La jaquette d’un DVD de science-fiction, et vous voyez qu’il est classifié « fantastique/horreur ».
- Vous tentez d’expliquer à quelqu’un la différence entre fantasy et fantastique, et il vous soutient mordicus (et avec une condescendance assumée) que « c’est la même chose ».
- Le pompon revient aux rayons de certaines librairies, qui mélangent pêle-mêle SF, fantasy, fantastique, horreur et pourquoi pas roman noir sous la bannière fourre-tout « science-fiction ».
Pourquoi cette confusion ?
Cela révèle au mieux une véritable ignorance des caractéristiques des genres de l’imaginaire ; et au pire, un véritable mépris pour ceux-ci.
Elle est souvent considérée comme étant plus « noble », d’un meilleur niveau que les autres. Ce préjugé montre bien que les clichés ont la vie dure. Cela explique peut-être le fait que ces genres sont très peu (voire pas du tout) étudiés à l’école.
Beaucoup d’œuvres relevant de ces « mauvais genres » sont dotées de qualités indéniables, tant au niveau du style que du contenu riche en messages forts.
Mais il faut dire aussi qu’il existe une multitude sous-genres de l’imaginaire, ce qui peut compliquer la classification. Et bien sûr, certaines œuvres appartiennent à plusieurs genres à la fois, ce qui les rend difficile à classer.
Pour ce qui est des sous-genres, il n’y a pas toujours de consensus quant à leurs définitions. La science-fiction et la fantasy comportent de nombreux sous-genres, aussi, pour ne pas trop alourdir cet article, je n’en évoquerai que quelques-uns.
Vous donner quelques bases… ou aider vos proches à comprendre vos goûts
Cet article a pour but de vous présenter dans les grandes lignes les principaux genres appartenant à la littérature de l’imaginaire. À savoir : la science-fiction, la fantasy, le fantastique, (communément réunis sous le sigle SFFF), ainsi que le merveilleux.
Il s’adresse principalement aux personnes qui sont un peu perdues parmi les littératures de l’imaginaire, et qui souhaiteraient avoir quelques bases. Mais il s’adresse aussi aux mordus de littératures de l’imaginaire qui voudraient que leurs proches ne soient plus « à la ramasse » quand ils leurs parlent de leurs goûts ! Faites-leur lire cet article, ça vous aidera à parler le même langage. 😉
C’est pourquoi je n’hésiterai pas à me montrer un peu « caricaturale » dans mes définitions et explications. Mon but est de vous donner des repères simples pour ne plus faire de confusions.
Enfin, sachez que je ne mettrai que quelques exemples d’œuvres populaires, pour rester accessible à tous.
Entrons à présent dans le vif du sujet.
Le fantastique
Qu’est-ce que le fantastique ?
Ce qui caractérise le fantastique, c’est l’irruption du surnaturel dans un récit réaliste. Le personnage principal hésite alors à croire ou non à cet élément improbable qui s’impose à lui. L’ambiance du récit pourra être oppressante, pour traduire la peur ressentie par le héros face à l’inexplicable, mais pas toujours.
Exemples :
- De nombreuses œuvres d’Edgar A. Poe (comme Le Portrait ovale, La Chute de la maison Usher, Le Chat noir, pour ne citer que celles-là).
- Le portrait de Dorian Gray, d’Oscar Wilde.
- De nombreuses œuvres de Stephen King (La Part des Ténèbres, Shining, Carrie, Ça, etc.).
L’horreur, un sous-genre du fantastique ?
Le récit horrifique cherche à inspirer la peur, le malaise, le sentiment d’étrangeté chez le lecteur. Lorsque cette peur est provoquée par un phénomène surnaturel, ce genre est souvent considéré comme un sous-genre du fantastique, mais beaucoup de récits horrifiques n’ont pas besoin d’avoir recours au surnaturel pour être effrayants.
À retenir
Si le surnaturel est déjà omniprésent, alors ce n’est pas du fantastique.
S’il n’y a pas d’élément surnaturel, alors ce n’est pas du fantastique !
La science-fiction
Qu’est-ce que la science-fiction ?
La Science-fiction envisage l’évolution de l’humanité, que ce soit d’un point de vue technologique, politique, ou social. Il ne s’agit pas uniquement de faire rêver, mais aussi de faire réfléchir aux conséquences de cette évolution.
Il est souvent question des rapports humains, mais pas uniquement. Dans La Planète des singes, de Pierre Boule, le sujet principal est clairement le rapport de l’humain à l’animal, dans un monde où l’humain n’en est pas le maître.
Il existe une multitude de sous-genres de science-fiction. Citons notamment :
La hard science fiction
Les technologies et les formes sociétales décrites ne sont pas en contradiction avec l’état actuel des connaissances.
Exemples :
- 2001 : l’Odyssée de l’espace, de Arthur C. Clarke.
- Frankenstein ou le Prométhée moderne, de Mary Shelley.
- Le Cycle de Fondation, d’Isaac Asimov.
L’uchronie
Ce terme « uchronie » désigne une « utopie chronologique ». Dans ce type de récit, on modifie un point de l’Histoire pour en imaginer les conséquences possibles.
Exemples :
- Le Maître du Haut Château, de Philip K. Dick.
- La série Sliders : Les Mondes parallèles, qui explore une uchronie différente à chaque épisode.
Le steampunk
Le terme est une contraction de de « steam » (vapeur en anglais), et de « punk ». Les intrigues se déroulent dans des univers inspirés par le XIXe siècle. L’électricité et le moteur à explosion n’y existent pas. C’est donc un sous-genre de l’uchronie.
Exemples : les œuvres de Jules Verne et de H.G. Wells.
La dystopie
La dystopie, ou contre-utopie, décrit une société imaginaire organisée de telle façon à ce qu’elle empêche ses membres d’atteindre le bonheur. On dit souvent que c’est une utopie qui ne fonctionne pas, qui a échoué.
Exemples :
- 1984, de Georges Orwell.
- Le Meilleur des mondes, d’Aldous Huxley.
- Fahrenheit 451, de Ray Bradbury.
- Hunger Games, de Suzanne Collins.
- Divergente, de Veronica Roth.
Le space opera
Les intrigues s’articulent autour de voyages interplanétaires. La possibilité des déplacements à très longue distance y est donc centrale, ce qui permet le développement du thème d’empire interstellaire ou galactique.
Exemples :
- La licence Star Wars, de Georges Lucas.
- La licence Star Trek, de Gene Roddenberry.
- Cosmos 1999, de Gerry Anderson.
- La licence Stargate, la Porte des étoiles, de Roland Emmerich.
À retenir
Si l’histoire est caractérisée par le surnaturel, mais qu’il n’y a pas d’éléments futuristes, alors ce n’est pas de la science-fiction.
La fantasy
Qu’est-ce que la fantasy ?
La fantasy, c’est avant tout un univers pétri de surnaturel. La magie y est omniprésente, et les espèces légendaires telles que les elfes, les trolls, les fées ou les orcs y sont nombreuses.
L’histoire est souvent celle d’une lutte épique contre les forces du Mal, et/ou une quête initiatique.
Exemples :
- Le Seigneur des anneaux, de J.R.R. Tolkien.
- Harry Potter, de J.K. Rowling.
- Le Trône de fer ou (Games of Thrones), de G.R.R. Martin.
- L’assassin royal, R. Hobb.
Parmi tous les sous-genres qui existent, citons :
La fantasy urbaine
On y voit des créatures surnaturelles vivre dans un milieu urbain, moderne. Comme pour le fantastique, le surnaturel fait irruption dans un monde civilisé. La technologie peut alors côtoyer la magie.
Exemples :
- Le dernier Magicien, de Megan Lindhlom (pseudonyme de Robin Hobb).
- Les séries télévisées : Once Upon a Time, Buffy contre les vampires, Angel.
La bit-lit
Le terme a été créé par l’éditeur Bragelonne, et signifie « littérature mordante » en anglais. C’est un sous-genre de la fantasy urbaine. Une héroïne y est à la fois confrontée au surnaturel et aux tracas de la vie quotidienne.
Exemples :
- Anita Blake, de Laurelle K. Hamilton.
- Twilight, de Stephenie Mayer.
La science fantasy
Comme son nom l’indique, elle mêle la science-fiction et la fantasy. L’intrigue est située soit dans le futur, soit dans un autre monde où la technologie est plus avancée que la nôtre. Magie et technologie se côtoient, et peuvent s’associer. Des éléments surnaturels et mystiques se mélangent avec des progrès scientifiques impressionnants.
Exemples :
- La Romance ténébreuse, de Marion Zimmer Bradley.
La space fantasy
Elle allie le space opera (voir plus haut, dans la partie « science-fiction ») et la fantasy.
L’intrigue se situe en partie dans l’espace, sur une planète ou en voyageant de planètes en planètes. (C’est ce qui la différencie de la science fantasy). La technologie y est d’apparence futuriste et en rapport avec l’univers spatial décrit.
L’univers est imprégné de magie et de créatures fantastiques. Il est influencé par les contes et la mythologie. On retrouve souvent un parcours initiatique tiré de la fantasy.
Exemples :
- Star wars.
- Le dessin animé Ulysse 31.
L’heroic fantasy
L’intrigue est centrée sur un personnage principal solitaire, qui évolue dans des royaumes en conflit, et donc dans un monde violent.
Exemples : Les Cycles de Conan et de Kull, de Robert E. Howard
À retenir
Si le surnaturel fait irruption dans l’univers et permet au(x) personnage(s) de découvrir un monde baigné de surnaturel, alors il s’agit de fantasy.
Sources : Pages Wikipedia : fantasy urbaine, heroic fantasy, blogue Monde fantasy.
Le merveilleux
Qu’est-ce que le merveilleux ?
Le récit merveilleux prend place dans un passé lointain non défini, et une situation géographique tout aussi floue. Il commence souvent par une phrase du type : « Il était une fois », « Il y a bien longtemps », « Dans un lointain royaume », etc. La société est figée, les personnages y sont définis par leur rôle (le roi, la reine, la marchande d’allumettes), et l’on ne connaît d’eux que leur surnom (Cendrillon, Blanche-Neige, etc.). L’omniprésence de la magie est considérée comme tout à fait naturelle, et l’existence de créatures imaginaires n’est jamais remise en question.
Exemples : les contes des frères Grimm, de Charles Perrault, de Hans Christian Andersen.
À retenir
Source : Page Wikipedia merveilleux.
Conclusion
J’espère que cet article vous aura permis de mieux comprendre les différences entre les genres de l’imaginaire. Voici un résumé visuel, pour retenir l’essentiel :
Bien évidemment, ceci n’est qu’un article de blog, pas une encyclopédie ! Comme je vous le disais dans l’introduction, mes définitions sont basiques, voire caricaturales. Si vous souhaitez approfondir le sujet, je vous conseille la lecture de guides spécialisés.
J’ai choisi de donner des exemples issus de la culture anglo-saxonne, pour citer des titres connus. En effet, les œuvres de l’imaginaire francophones sont encore trop souvent boudées par les médias, pourtant elles sont nombreuses, et souvent de qualité. N’hésitez pas à consulter les catalogues des maisons d’édition spécialisées, telles que : Bragelonne, Actu SF, Voy'[el], Le Chat noir, Scrinéo, Le Héron d’agent, etc., ainsi que les œuvres proposées par les nombreux auteurs autoédités, pour vous en rendre compte. Vous avez l’embarras du choix !
Alors bonne lecture !
[…] toutes les littératures de l’imaginaire, les dystopies permettent de faire un « pas de côté ». Pour regarder notre monde, notre […]