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Top 10 des phrases qui tuent : perles de salons du livre

Parfois, lorsque l’on fait des dédicaces, ou des salons du livre, on entend de drôles de choses. Et parfois des choses très drôles. Voici un florilège des phrases que j’ai entendues, et qui m’ont marquées. Tour d’horizon des perles de salons.

1. « Tu as fait un livre, c’est bien ! »

C’était lors d’un de mes premiers salons du livre. Un auteur, que je ne connaissais pas, mais qui ne semblait pas savoir qu’il est très grossier de tutoyer une personne que l’on ne connaît pas, est venu me voir à ma table. Il a alors cru bon de m’encourager, en me sortant ce commentaire que je n’avais pas sollicité. J’ai eu l’impression d’être un enfant à « L’école des fans », avec un Jaques Martin un peu gaga qui me parlait comme si j’étais une enfant un peu stupide. Ce jour-là, j’ai donc eu l’approbation d’un homme que je ne connaissais pas sur mon choix professionnel. Voilà qui m’a fait une belle jambe !

2. « Quand je vais raconter à ma fille que j’ai vu un écrivain en vrai ! »

C’était lors d’un salon de l’artisanat, j’étais donc la seule autrice présente. Lorsque j’ai expliqué à cette dame que les livres que je vendais étaient mes créations, elle a été très impressionnée. Nous avons discuté, puis, au moment de s’en aller, elle m’a sorti cette phrase un peu dérangeante. J’avais l’impression d’être une sorte d’animal exotique. Comme s’il y avait quelque chose d’extraordinaire à exercer ce métier. Les professions artistiques sont bien trop sacralisées.

3. « Et à part ça, vous faites quoi dans la vie ? »

Un grand classique. En dédicace, en dîner de famille, il y a toujours une personne pour sous-entendre que notre travail n’est pas un vrai travail. Pour prétendre qu’on ne peut pas gagner sa vie de cette manière. Et bien si, on peut. Et c’est plus courant qu’on le pense, surtout en autoédition.

C’est très pénible à entendre, surtout quand c’est la centième fois. Et quand, effectivement, on galère à joindre les deux bouts, parce que cela peut être difficile d’en vivre au début. Mais si on n’est pas auteur à plein temps, c’est plus difficile d’en vivre, car on ne peut pas y consacrer assez de temps. Être un auteur professionnel, c’est travailler 7 jours sur 7. Ça ne laisse pas beaucoup de temps pour un autre travail. Et puis, est-ce que vous demandez à votre dentiste, votre boulanger, votre chauffeur de bus, ce qu’il fait dans la vie « à part ça » ? Non ? Et bien, pourquoi le demande-t-on sans cesse aux artistes ?

4. « C’est cher ! »

Celle-là, elle n’est pas forcément dite de vive voix. Souvent, on voit la personne s’approcher de notre table, prendre un de nos livres sans même nous regarder, comme si nous étions transparents. Sans même chercher à regarder le contenu du livre, la personne le retourne, pour voir la quatrième de couverture. Mais elle ne lit pas le résumé. Son regard se pose sur le bas du livre et… elle écarquille les yeux, le repose aussitôt, et s’en va. Elle a regardé le prix, et s’est enfuie.

Mais parfois, la personne ne se gêne pas pour le dire, pensant que personne ne peut l’entendre. La première fois que j’ai présenté les livres des éditions Le Héron d’argent, une dame a fait cette remarque. Je me suis approché, et j’ai expliqué qu’il s’agissait de livres de haute qualité : couverture cartonnée, dorure, embossage, papier glacé, encre couleur. 20€ pour un livre, non, ce n’est pas cher. Surtout un livre de cette qualité. Elle m’a regardée comme si j’étais en train de l’insulter, et elle est partie.

Petit rappel…

Les gens sont trop habitués au « prix le plus bas », comme disent les publicités pour les supermarchés. Mais un livre, c’est du travail, et cela coûte de l’argent. Éditeur, imprimeur, illustrateur, correcteur, et, aussi peu payé que l’illustrateur… l’auteur. 8% du prix du livre, en règle générale. Ou 4% pour les livres jeunesse. Voire moins. J’ai connu une autrice jeunesse en maison d’édition, son livre était vendu 15€, et elle gagnait… 0,40€ par livre vendu. Et elle était payée une fois par an… avec systématiquement 6 mois de retard. Là, effectivement, ce n’est pas possible d’en vivre.

Les gens veulent tous être payés pour leur travail. Si leur patron leur disait « vous êtes trop payé », ça ne leur plairait pas. Ce serait mépriser la valeur de leur travail. Quand on dit à un auteur que son livre est cher, on sous-entend que son travail n’a pas de valeur. Ça ne fait pas plaisir. C’est valable aussi pour d’autres produits, artistiques, artisanaux ou autres. Les auteurs aussi ont besoin de manger. Être auteur, c’est un travail. Non, nos livres ne sont pas chers.

5. « Mais pourquoi vous gardez vos lunettes ? Vous n’êtes pas en train de lire ! »

Ce n’est pas directement lié aux livres, mais puisque c’était lors d’un salon et qu’elle m’a fait rire, je la mets ici quand même.

Je porte des lunettes depuis l’âge de 10 ans, et celle-là, on ne me l’avait jamais faite ! Je venais de dire que j’étais gênée par la buée sur mes verres, causée par le port du masque, et la dame (plus âgée que moi, ce n’était pas une enfant 😉 ), m’a fait cette étrange remarque. Comme si elle ignorait ce qu’était la myopie ! Quand on voit quelqu’un garder ses lunettes toute la journée, pas besoin d’être ophtalmologiste pour deviner que la personne est myope ! Cela n’a rien d’extraordinaire, et pourtant… Il faut croire que certaines personnes ne comprennent pas que tout le monde n’est pas comme eux !

6. « La fantasy, c’est pour les enfants. »

La première fois qu’on m’a dit ça, j’ai pouffé de rire ! C’est tellement absurde ! La majorité des romans de fantasy sont écrits pour les adultes. Je me souviens de ce passage dans « Le Seigneur des anneaux » où des orcs catapultaient des têtes d’humains dans la forteresse. Pour les enfants, ça ? J’en doute.

Je me suis rendue compte par la suite que ce préjugé était très courant. Quand on sait comment on considère les enfants, et ce qui leur est destiné, ce n’est pas très flatteur. Pourquoi les œuvres destinées aux enfants devraient-elles être de mauvaise qualité, et indigne d’intérêt ? Pourquoi les autrices et auteurs jeunesses sont encore considérés comme des sous-auteurs (Cf. leur rémunération symbolique) ?

7. « C’est un livre sur la guerre ? »

Plutôt que de regarder la couverture, ou de lire le résumé, les gens préfèrent parfois poser des questions… absurdes. Par chez moi (Basse-Normandie), les gens sont friands de livres sur le Débarquement. Ou sur Guillaume Le Conquérant. Ou sur les Viking. Au point que parfois, on se sent en trop, avec nos fictions.

8. « Je vais faire un tour, et je reviens après. »

Un indétrônable des phrases cultes ! Pourquoi les gens nous mentent-ils en essayant de nous faire croire qu’ils vont venir acheter nos livres après avoir regardé les livres des autres ? Pourquoi cette hypocrisie ? Ce serait tellement plus simple de dire « bonne journée, au revoir », ou « ce n’est pas mon genre de livre », etc. Mentir n’est jamais une politesse. Et je crois que tous les vendeurs de tous types de produit y ont droit !

9. « Vous avez déjà écrit tout ça, à votre âge ? »

Cette phrase me surprend toujours. Écrire un livre ne prend pas dix ans, tout de même ! A ce jour, j’ai publié six romans et deux nouvelles. Et le plus drôle, c’est quand je suis à côté d’une personne de mon âge, qui a plus de livres que moi sur sa table, mais à qui on ne fait pas la même réflexion. Bizarre, non ?

10. « Maintenant que les bons sont partis, je vais pouvoir vendre mes merdes ! »

Les auteurs ont parfois le sens de l’autodérision. C’était à la fin d’un salon du livre, à ce moment où beaucoup perdent patience, et partent avant l’heure prévue. Ce qui est très grossier pour les organisateurs, à moins d’avoir vraiment beaucoup de route à faire. Et là, un auteur sort cette boutade, qui m’a bien fait rire. Ça doit être pour ça que vends souvent plus en toute fin de salon ! 😉

J’espère que ces perles de salons vous ont plu. N’hésitez pas à me faire part de vos commentaires.

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