Chocolat blanc et matcha latté, de Rash.

Résumé de Chocolat blanc et matcha latté

Normandie, 2013. Elliot a dix-sept ans et ça fait longtemps qu’il sait qu’il est gay.

Il y a eu Baptiste, son voisin. Ils ne se sont pas vus depuis trois ans. Et aussi Lucas, dans sa classe.

Elliot ne compte rien dire. Le statu quo lui convient, et de toute façon Lucas a une copine. Ce n’est pas toujours évident de garder la face quand la Manif pour tous est au plus fort, mais tout va bien.

Quand Elliot essaie de trouver du réconfort dans la lecture et qu’il peine à trouver des personnages qui lui ressemblent, tout va bien. Quand Lucas se met tout à coup à l’éviter et menace au passage de faire exploser leur groupe d’amis, tout va bien. Quand Baptiste démissionne parce que son patron l’insulte, tout va bien. Quand Didier, son père, prend la défense des opposants au mariage pour tous et que personne n’y trouve rien à redire, tout va bien.

Tout va bien.

Mon avis

Histoire

L’histoire est prenante et très poignante, sans qu’il y ait des enjeux majeurs. On peut s’identifier facilement aux personnages, notamment au personnage principal, car son histoire est très crédible. Il s’agit d’une romance, mais l’autrice nous épargne tous les clichés qui personnellement me font fuir dans ce genre. Ici, pas de culture du viol, d’amalgame entre attirance esthétique et sentiment romantique, pas de guimauve, pas de scène de sexe. Merci !

Personnages

Eliott et Baptiste sont très attachants, très crédibles, car leur personnalité est fouillée.

Les parents d’Eliott sont un peu flippants dans leur façon de « fliquer » le travail scolaire de leur enfant ! J’ai trouvé ça vraiment intrusif et infantilisant ! Mais je pense qu’il y a vraiment des parents comme ça… Cela montre la pression sociale, non seulement au niveaux des relations amoureuses (car c’est le cœur de l’historie), mais aussi au niveau scolaire et professionnel (car c’est pour travailler que l’on étudie).

Les personnages homophobes sont bien détestables, et aussi effrayants de réalisme !

Univers

Les lieux

L’histoire se déroule en Normandie, à la campagne ; puis en ville, à Rouen et à Lille. L’autrice nous montre des personnages gays qui ne sont pas nécessairement des citadins fêtards qui ne pensent qu’à s’envoyer en l’air, comme on le voit malheureusement trop souvent dans les représentations queer. Et ça fait du bien !

L’époque

On retrouve la période du mariage pour tous, et on replonge avec horreur dans les souvenirs des manifestations de réacs qui ont eu lieu alors. On voit tout cela par les yeux d’Eliott, qui doit apprendre à s’accepter tel qu’il est dans un monde qui lui crie qu’il n’en a pas le droit. C’est dur, mais c’est réaliste. Combien de jeunes ont dû endurer l’homophobie décomplexée de leur entourage, et celle de parfait inconnus, alors qu’ils réalisaient qu’ils étaient homosexuels ? Ici, l’autrice nous propose de nous mettre à leur place, si nous ne l’avions pas déjà été à l’époque. C’est dérangeant, mais nécessaire.

Style

Chocolat blanc et matcha latté est très agréable à lire. L’écriture est fluide, facile à lire, simple. Ce qui en fait un livre très accessible pour les adolescents, comme pour les adultes. Il ne s’encombre pas de descriptions inutile, ni de scènes de remplissage. Il y a juste ce qu’il faut, c’est parfait !

Thèmes

Les thèmes sont nombreux et très bien abordés. C’est ce qui fait de ce roman un livre profond, que l’on oublie pas.

Voici ceux qui m’ont le plus marqué :

L’acceptation de soi.

Eliott est un adolescent qui doit faire face au rejet. Mais il doit apprendre à ne pas se rejeter lui-même. Son parcours est celui de beaucoup de personnes à la marge de la société, c’est pourquoi il est inspirant.

L’homophobie.

Elle est abordée de façon très juste, à tous les niveaux. Chocolat blanc et matcha latté est donc une réussite totale pour ce sujet, qui permet d’ouvrir les yeux aux personnes qui n’ont pas vécu personnellement l’homophobie, et qui n’ont pas conscience de son omniprésence dans notre société. Tous les pires préjugés sont montrés, ainsi que l’homophobie ordinaire, du quotidien, celle dont on se rend moins compte des conséquences, qui pourtant sont destructrices. Les conséquences psychologiques et sociales de l’homophobie sont clairement montrées, afin d’y sensibiliser les lecteurs et lectrices, en créant de l’empathie pour les souffrances des personnages. C’est d’ailleurs la première fois que je lis un livre qui aborde ce thème dans son ensemble, qui montre les rejets, les préjugés, et questions intrusives les plus récurrents. C’est pourquoi je dis bravo et merci à Rash. !

Le racisme

Même si le sujet n’est pas nécessairement abordé en profondeur, il est évoqué de manière très juste. L’autrice montre le racisme ordinaire, celui qui pèse sur le quotidien ses personnes stigmatisées pour leurs origines ethniques (réelles ou supposées). Eliott a des origines asiatiques, c’est pourquoi il subit des questions (intrusives, récurrentes) et des préjugés. L’obsession qu’ont les gens pour les origines est assez difficile à comprendre… Et c’est très bien dénoncé dans ce livre.

Les autres thèmes forts

Sont abordés aussi les sujets de l’amitié, de l’amour (normal, pour une romance…;), de la famille, des études, de la cuisine, de la dépression.

Un roman à mettre entre toutes les mains, qui devrait aussi être présent dans tous les CDI, pour aider les jeunes à s’accepter et à accepter les autres !

Il faudrait plus de romans comme celui-là !

PS : D’ailleurs, si vous aimez les romans de Flo Renard, ceux de Rash. devraient vous plaire ! Et inversement ! 😉

Titre : Chocolat blanc et matcha latté

Autrice : Rash.

Genre : romance, littérature blanche

Éditeur : autoédition

Prix : ebook : 4,90€ Broché : 16,90€

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